L’importance de la biodiversité et comment la protéger [Interview avec Núria Pou]
La perte de biodiversité est un enjeu majeur pour toutes celles et ceux qui se battent quotidiennement contre la crise écologique que nous sommes en train de vivre.
J’ai donc décidé de parler de ce problème en interviewant une experte en la matière, afin de mettre en lumière le constat qui est fait au plus près de chez nous, en Catalogne.
J’ai eu le plaisir d’interviewer Núria Pou, l’une des coordinatrices du rapport “Estat de la Natura a Catalunya 2020” finalisé en Décembre 2020.
Ce rapport fait part de ses observations sur tous les aspects du monde naturel, notamment :
- l’état général de la biodiversité des espèces en Catalogne,
- les forêts,
- les aires agricoles et prairies,
- les eaux continentales,
- le milieu marin et son littoral.
J’ai demandé à Núria ce qu’elle savait sur la perte de la biodiversité, notamment sur ses causes, ses conséquences, et les actions qui doivent être mises en place pour inverser la tendance.
La vidéo est en espagnol, mais vous pouvez mettre les sous-titres en anglais puis demander la traduction automatique en français.
Si vous ne parvenez pas à visualiser le contenu en français et que cet entretien vous intéresse, vous trouverez ci-dessous l’interview entièrement retranscrite.
Cet entretien a également été résumé dans un article que j’ai écrit pour le Petit Journal.
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Aujourd’hui, nous allons parler de biodiversité. Nous pensons que c’est un sujet important que nous avons tendance à oublier. On parle souvent du changement climatique, d’émissions de gaz à effet de serre, mais en réalité, la perte de biodiversité peut avoir un effet domino.
C’est pourquoi, aujourd’hui, nous voulions parler à Núria Pou. Elle va parler d’un rapport qui vient de sortir en fin 2020. Il s’agit du rapport sur l’état de la nature en Catalogne en 2020.
Bienvenue, Núria !
Peux-tu te présenter brièvement et nous parler de ton expérience, et de ton rôle actuel.
Je travaille pour le Centro de Ciencia y tecnología forestal de Cataluña (Centre des Sciences et Technologies forestières de Catalogne) depuis 2009, et je travaille dans un groupe d’enquête sur la biologie de la conservation.
Cela fait donc quelques années que mon travail se focalise sur la biodiversité, sur l’état actuel des habitats et des espèces ici en Catalogne.
Nous avons transmis les résultats de cette recherche aux décideurs, dans l’administration publique par exemple, et aux personnes qui gèrent les aires naturelles protégées. Nous avions vu à quel point c’était compliqué pour que ces informations remontent aux bonnes personnes, c’est pourquoi nous avons décidé d’y remédier.
A partir de là, d’autres projets ont vu le jour, toujours orientés vers l’information des décideurs et enfin, dans l’institution dont je fais partie, le Centre Forestier de Technologie et de Science de Catalogne et d’autres dans le même domaine de recherche scientifique ici en Catalogne, je travaille et collabore actuellement avec l’Observatoire du patrimoine naturel et de la biodiversité.
C’est vraiment un outil, car nous sommes ces institutions de recherche unies et travaillant de concert avec la Generalitat de Catalunya, avec l’administration catalane, pour intégrer et utiliser ces informations pour nous aider à optimiser notre conservation et notre gestion des ressources naturelles.
Nos premiers résultats ont été publiés en décembre – «Estat de la Natura en Catalunya en 2020» – que j’ai eu l’honneur de coordonner.
Cela semble fascinant! Merci.
Je vais te poser une première question au nom de notre communauté, qui ne connaît peut-être pas tous les défis rencontrés par la biodiversité.
Pourquoi est-ce si important de préserver la biodiversité, en particulier dans une région comme la Catalogne?
OK, donc la biodiversité – ou la diversité des espèces, c’est-à-dire des animaux et des plantes – est importante. Pas seulement en Catalogne mais partout. Nous vivons dans un monde naturel ; mais la vérité est que nous – l’espèce humaine – en dépendons totalement.
Par exemple, notre alimentation et notre agriculture s’inspirent de la nature… Pour pouvoir acheter des pommes au marché, il faut que les pollinisateurs puissent polliniser le pommier en fleurs.
Il existe des services écosystémiques dont l’humanité dépend, et sans eux, nous ne pouvons pas exister. Donc, au bout du compte, protéger la nature, c’est aussi nous protéger.
C’est pourquoi c’est si important.
Je donne cet exemple de pollinisation en agriculture, mais nous pourrions aussi parler de l’approvisionnement en eau propre dans les écosystèmes aquatiques, car l’eau du robinet que nous buvons provient d’écosystèmes naturels.
Et sa qualité dépend aussi un peu de ce qui se passe dans la nature:
- l’air que nous respirons,
- le fait que les arbres fassent leur photosynthèse,
- si les sols sont productifs ou pas, en lien avec l’agriculture pour obtenir de la nourriture.
Tout ça va dépendre aussi de la bonne qualité et de la conservation au niveau des microorganismes dans le sol.
Nous parlons donc de tous les aspects de la nature.
Alors, pourquoi la protéger?
Eh bien, parce que nous en faisons partie et que notre existence en dépend. C’est pourquoi c’est si important.
Nous parlons beaucoup du changement climatique, de la crise climatique que nous vivons, mais nous devons aussi nous rendre compte que l’impact que nous avons sur l’environnement est également à l’origine d’une crise écologique.
La Catalogne n’est donc pas déconnectée de cette crise. Et c’est quelque chose que nous avons souligné dans le rapport. Nous avons donc la responsabilité, en tant que région du monde, de protéger notre petit lopin de terre et la nature que nous avons ici en Catalogne.
Exactement, tu l’as très bien expliqué, d’autant plus que nous ne nous rendons souvent pas compte que cela a aussi un impact sur notre approvisionnement en eau, cela peut paraître incroyable mais la biodiversité a un rôle extrêmement important à tous les niveaux.
Quelles sont les principales conclusions de cette enquête?
Le constat : biodiversité en danger
En ce qui concerne les messages clés qui sont ressortis de cette étude, le premier constat est que, en résumé, nous ne sommes pas bien.
Ce que nous avons vu, c’est qu’au cours des 20 dernières années, les populations d’animaux vertébrés et invertébrés originaires de Catalogne ont diminué de 25% en moyenne. En d’autres termes, un animal sur quatre a été perdu ici en Catalogne au cours des 20 dernières années.
Les causes liées au modèle socio-économique : biodiversité et développement durable
Quant au «pourquoi», c’est essentiellement le modèle socio-économique qui se concentre sur l’obtention de ressources dans certains domaines tout en négligeant les modèles de productivité dans d’autres, des modèles peut-être plus durables.
Les déséquilibres des résultats selon les environnements
Nous avons également vu dans cette étude que cette perte n’est pas la même dans tous les environnements.
- Plus de 50% des créatures des rivières, des lacs et des terres humides ont été perdues.
- Dans les milieux agricoles, les prairies et les pâturages, il faut compter une perte d’environ 30%.
- Ce chiffre tombe à 10% dans les forêts et les zones forestières.
Biodiversité marine
Le rapport a également mis en lumière l’état de la mer.
Mais ce qui se passe, c’est que nous n’avons pas de pourcentage clair par rapport à d’autres environnements, car il nous manque des informations sur les environnements marins.
Mais même les rares informations dont nous disposons nous montrent également que nous ne sommes pas non plus sur la bonne voie.
Ce qui se passe, c’est que le modèle socio-économique finit par mettre en lumière les changements qui se sont produits dans l’environnement : comment notre exploitation du sol modifie les habitats où vivent les animaux et les plantes.
Le changement climatique
Mais ce n’est pas seulement le modèle socio-économique ou les changements d’utilisation des sols qui sont les principaux moteurs de ce changement.
Maintenant, le changement climatique joue également un rôle de plus en plus important car la température modifie les zones climatiques où les espèces peuvent prospérer.
Les phénomènes extrêmes que nous vivons qui se produisent plus souvent, changent également l’environnement.
Les espèces ne peuvent pas s’adapter assez rapidement.
Les expèces exotiques
Ce changement global que nous vivons est aussi affecté par l’arrivée d’espèces exotiques et envahissantes en Catalogne. Il est évident que cela a un impact majeur sur les écosystèmes locaux.
Il existe des espèces qui ont la capacité de s’adapter à l’environnement catalan, et elles sont plus fortes que nos espèces indigènes. Donc, si ces deux espèces se font concurrence, il est fort possible que les espèces indigènes finissent par perdre la bataille; et c’est l’espèce exotique et invasive qui gagne, et qui ne nous intéresse pas.
En gros, c’est tout cela que nous avons observé dans ce rapport, de manière très résumée, mais nous en reparlerons ensuite plus en détails.
La Catalogne en comparaison aux autres terres d’Europe
En fin de compte, ce qui se passe ici en Catalogne est malheureusement très similaire à ce qui se passe dans le reste de l’Europe. Nous ne révélons rien de nouveau dans ce rapport… La dynamique que nous voyons ici est la même que dans d’autres parties d’Europe.
C’est comme si tout était inextricable, tout est lié.
Exactement.
As-tu des exemples d’espèces qui ont été perdues?
Il faut clarifier quelque chose ici, car l’indicateur que nous utilisons est assez récent, et parfois il n’est pas facile d’interpréter les résultats. Ce n’est pas tant la perte d’espèces que la perte d’individus. Nous avons la même espèce, mais ce que nous avons regardé c’est comment ces individus faisant partie d’une certaine espèce ont évolué au cours des 20 dernières années.
Et quand on regarde l’ensemble de ces différentes espèces, on calcule une moyenne de cette variation du nombre d’individus, et on voit que l’on a perdu 25% en moyenne.
Mais cela ne veut pas dire que toutes les espèces perdent des individus de leur population.
Biodiversité animale : exemples de perte d’individus importantes en Catalogne
Il y a des espèces – par exemple l’anguille commune, qui est une espèce qui fait partie du cycle de vie des rivières, et en partie des eaux de mer.
Nous avons vu qu’au cours des 20 dernières années, leur population a diminué de 90% ici en Catalogne.
Qu’est-ce que cela signifie? Eh bien, cela signifie que nous avons perdu 9 anguilles sur 10.
C’est énorme!
Oui, c’est un exemple dramatique de ce qui se passe.
Autres exemples, comme le traquet oreillard.
C’est un oiseau que nous trouvons dans les espaces ouverts, comme les pâturages … Eh bien, nous avons vu une baisse de 43% dans la même période.
Il en va de même pour les papillons, nous avons vu une régression importante.
90% des «melanargia occitanica», une espèce de papillons, ont disparu, car nous avons de moins en moins de pâturages ici en Catalogne.
Donc toutes les espèces qui dépendent des pâturages pour vivre sont en déclin, en régression.
Des espèces en voie de rémission
D’un autre côté, certaines espèces s’en tirent mieux parce que nous nous sommes concentrés sur leur conservation et leur rétablissement.
C’est le cas du «nutria europea», la loutre d’Europe, dont les populations se sont désormais rétablies.
Dans les années 90, leur population était en grave déclin : il ne restait que quelques individus et il était très difficile d’en voir dans les rivières de Catalogne.
Mais l’administration a fait de gros efforts pour inverser la tendance, et a organisé un plan pour sa réintroduction.
Ce qui a abouti à une tendance positive maintenant, où nous voyons des nombres croissants, qui sont maintenant visibles dans de nombreuses rivières.
Aussi parce qu’au cours des 40 dernières années, la qualité de l’eau douce de Catalogne s’est améliorée.
Donc, tout n’est pas mauvais.
Biodiversité menacée : signes de déséquilibres
Il y a d’autres animaux qui ont bénéficié de la disparition des grands prédateurs en raison du déséquilibre de l’écosystème.
C’est le cas du sanglier.
Il y a eu des observations de sangliers dans la ville de Barcelone.
Dans les zones urbaines, par exemple, pendant le confinement strict de début 2020, nous avons vu de nombreux sangliers s’aventurer dans les villes, à la recherche de nourriture laissée dans les poubelles.
Le sanglier est une espèce qui a considérablement augmenté en nombre mais ce n’est pas un bon signe. C’est le symptôme d’un déséquilibre de l’écosystème.
Parce que les prédateurs qui pourraient réguler les effectifs sont de plus en plus rares.
Donc, avec toutes ces espèces – un total de 321 espèces – que nous suivons et surveillons depuis 20 ans, nous avons pu voir comment chacune a évolué.
Sur les 321 espèces, une moyenne a été calculée avec l’évolution de chacune de ces espèces, et à partir de là, nous avons obtenu ces données, cet indicateur d’une perte moyenne de populations sauvages d’environ 25%.
Indicateur au niveau international
En fait, nous avons utilisé cet indicateur parce que c’est celui qui est utilisé par l’ONU, et qui est calculé au niveau mondial depuis les années 70.
Plus de 4000 espèces ont été enregistrées depuis les années 70, et nous constatons une perte de près de 60% au niveau mondial !
C’est évidemment une moyenne : il y a des espèces qui ont augmenté en nombre et d’autres qui ont diminué ; mais le chiffre final que nous avons obtenu est de 60%.
Partout dans le monde, la période pendant laquelle la plupart des espèces ont été perdues va de 1960 à 2000.
Cela reflète la situation de la Catalogne : on constate qu’entre 2000 et 2019 il y a une baisse de 25% (Indicador Living Planet Index ou « LPI »).
Au niveau mondial, c’est pareil. Nous constatons une baisse identique.
Mais à partir de l’an 2000, elle ralentit, elle n’est pas si prononcée et elle s’aplatit, même si elle continue de baisser.
Cela montre que la Catalogne n’est pas épargnée par le sort de ce qui se passe dans le monde.
Je suis à peu près sûre que si nous avions des données antérieures, nous constaterions une tendance similaire à la tendance mondiale.
Les politiques environnementales déploient désormais davantage d’efforts pour inverser ces tendances, et c’est l’information la plus pertinente que nous avons pu tirer de ce rapport.
Biodiversité du sol
En ce qui concerne les causes de cette altération, peux-tu nous donner quelques exemples et nous expliquer un peu plus en quoi cet usage du sol, et l’exploitation ont été vecteurs de changements?
C’est une très bonne question!
Voyons si je peux l’expliquer d’une manière qui puisse être facilement comprise.
Dans les changements d’utilisation du sol, imaginez que vous regardez une photo prise depuis un avion.
Depuis l’avion il est assez facile de voir – grosso modo – des champs, des villes, des forêts.
On peut identifier les différentes catégories.
C’est exactement ce que nous montre l’utilisation des sols.
Une partie du sol catalan est utilisée pour l’agriculture, une autre partie est utilisée pour les forêts, et en plus de cela, vous avez les sols de villes et de villages, mais aussi, les infrastructures routières, comme les routes, les autoroutes,…
Pourquoi la biodiversité est en danger? Que s’est-il passé ces 20 dernières années?
Dans le cas de l’agriculture, il y a eu un arrêt des activités d’agriculture et d’élevage, dans les régions où elles sont moins rentables.
C’est le cas de l’activité dans les zones de montagne, où les champs sont escarpés, et rend l’activité difficile. Cette activité a été transférée dans des zones avec plus de plaines, où l’activité est plus facile.
Mais l’activité dans les plaines n’est pas la même que celle que nous avions dans les montagnes.
Je parle des Pyrénées, mais aussi de la moyenne montagne, de la montagne comme les Pré-Pyrénées. Ou dans les régions intérieures de la Catalogne…
Qu’est ce qui se passe?
L’activité qui est restée est une activité agricole beaucoup plus intensive, utilisant beaucoup plus d’engrais agrochimiques, d’herbicides, de pesticides, d’engrais chimiques.
Tout cela a évidemment un impact sur l’environnement.
C’est donc ce qui se passe dans les plaines.
Biodiversité agricole
Mais que se passe-t-il dans les zones abandonnées? Où il n’y a plus d’activité agricole ou d’élevage?
La forêt a simplement retrouvé son espace.
C’est un système dynamique : les plantes extraient les graines, repoussent.
Elles ont lentement occupé ce pâturage où avant il y avait du bétail qui consommait les petits arbustes qui voulaient pousser. Le bétail mangeait cette végétation, et cet habitat restait ouvert. Mais maintenant, ce bétail n’est plus là.
L’habitat est en train de se refermer sur lui, et nous perdons un habitat qui est nécessaire pour les espèces qui appartenaient à ces zones. Nous perdons les animaux et les plantes qui sont propres à cet espace ouvert.
Par exemple, les papillons.
Les papillons sont un groupe taxonomique d’espèces, qui trouvent généralement leur nourriture à partir de ces plantes typiques vivant dans des espaces ouverts comme les prairies et les pâturages.
À partir du moment où ces prairies et pâturages disparaissent, la forêt se ferme et les plantes dont les papillons ont besoin pour le cycle biologique ne sont plus disponibles.
Cela implique une baisse des populations de papillons, qu’ici en Catalogne nous suivons à travers un programme de surveillance des papillons depuis les années 90.
Nous avons pu quantifier les papillons typiques des prairies, et le genre de régression qu’ils avaient subi depuis les années 90 jusqu’à maintenant.
Nous avons noté que nous avons une régression d’environ 70% des papillons, ce qui signifie que les individus des populations de papillons ont chuté, ils ont perdu 7 individus sur 10.
De plus, comme ce programme de surveillance avait ces points d’échantillonnage répartis sur le territoire, nous avons compris qu’à certains endroits, nous avons commencé à voir l’extinction des papillons.
Cela ne veut pas forcément dire que l’espèce a complètement disparu de la Catalogne. Mais elle a bien disparu de cette zone.
Et petit à petit, on la trouve dans de moins en moins de zones, car elle ne trouve pas l’habitat dont elle a besoin pour survivre.
Donc, lorsque nous parlons de l’utilisation des sols, nous considérons principalement l’impact des activités sur un territoire.
D’un autre côté, nous avons également parlé du fait que nous perdons de la terre agricole, en échange nous obtenons plus de sol forestier, bien que ce soit un sol forestier jeune, donc ce n’est pas le genre de forêt qui apporte les services écosystémiques qu’ apporteraient d’autres types de forêts plus anciennes
Les zones urbaines
Et il y a un autre facteur : la population de la Catalogne a augmenté.
Et en 20 ans, l’augmentation est supérieure à un million d’habitants.
Il faut donc évidemment plus de maisons, plus de villes, plus d’industries, ce qui signifie que le sol urbain a également augmenté.
Les implications de cette augmentation de zones urbaines
Je ne me souviens plus du pourcentage exact, mais je crois qu’environ 30% de la population catalane vit dans les premiers kilomètres de la côte.
Ceci étant un facteur de menace pour les habitats côtiers.
Pour les plages, pour les habitats des dunes de sable, et aussi nous construisons, et nous gagnons petit à petit du terrain sur la mer : nous construisons des marinas.
Ceci n’est pas anodin. Il s’agit de la première ligne de la côte, l’habitat de la Posidonie, des habitats d’algues typiques des fonds marins, qui sont maintenant occupées par ces constructions portuaires, pour répondre à la demande de la société catalane.
Alors quand on parle des sols, on parle de tout ça.
Et ce sont les principaux problèmes, le principal moteur de changement ici en Catalogne qui a un impact direct sur la nature.
Oui, c’est quelque chose que nous voyons dans tous les pays.
Par exemple, j’avais vu un programme qui parlait du quinoa, en Amérique latine. Ils le cultivaient dans les zones de montagne, et maintenant ils ont changé leur façon de travailler pour être plus efficaces, pour pouvoir vendre plus, et ils se sont installés dans des zones de plaines. Ils ont ensuite constaté une perte de biodiversité, et maintenant ils ont beaucoup de problèmes avec le sol.
Comment pourrions-nous changer notre impact? Quels modèles socio-économiques pourraient aider à éviter cette perte de biodiversité?
Ce n’est pas une question facile.
Il faudrait trouver des modèles socio-économiques qui profitent vraiment à la biodiversité… Et pour le moment, je ne sais pas ce que ça pourrait être…
Ce que je peux vous indiquer, ce sont des actions. Des actions qui nous aident, qui profitent à tous.
Par exemple, bien sûr, nous voyons que la perte de l’agriculture et de l’élevage intensif en Catalogne entraînent une perte d’espèces vivant dans des espaces ouverts, donc en tant que consommateurs, si nous achetons des produits issus de cet élevage intensif, nous aidons cette activité à continuer…
Ainsi, la consommation de produits écologiques peut profiter à la nature.
Dans le rapport que nous avons présenté, en plus de dire que nous sommes dans un mauvais état, nous donnons des exemples de ce qui fonctionne.
On voit que l’agriculture écologique, l’agriculture traditionnelle, tout ce type d’agriculture qui est plus durable, qui protège la nature, qui n’utilise pas de produits agrochimiques, qui ne transforment pas les sols, qui maintient les pratiques traditionnelles, est le type d’agriculture à privilégier quand on va au marché. Cela a un impact direct sur la nature.
Quelles pratiques faudrait-il avoir à notre niveau en tant que consommateur ?
Acheter des produits de saison est une très bonne pratique.
Nous voulons toujours avoir les mêmes fruits toute l’année dans le réfrigérateur.
Eh bien, peut-être pouvons-nous adapter notre alimentation à ce qui est disponible dans la nature à chaque saison, et cela a également un impact positif, car vous finissez par acheter plus de produits locaux, au lieu de produits d’autres régions du monde où ils ont également un impact là où ils sont produits.
Au final, tout ce que nous consommons peut avoir un impact positif ou négatif pour l’environnement, ainsi que pour la société.
Alors quand on va faire ces courses, il faudrait privilégier les options les plus bénéfiques pour l’environnement puisque on a ce pouvoir d’achat.
En utilisant ces critères de sélection, la façon dont nous consommons finit par avoir un impact beaucoup plus important que ce que nous pensons.
C’est vrai, parce que nous pensons que nous ne sommes qu’une seule personne, mais multiplié par 7 milliards, cela a un impact très important.
Oui, l’autre jour, je regardais une interview, je suis désolé de ne plus me souvenir de qui parlait, mais il a fait une réflexion intéressante:
Avec le changement des consommateurs de manière individuelle, nous n’atteindrons pas un changement à l’échelle mondiale, mais sans le changement des consommateurs de manière individuelle, nous n’atteindrons pas non plus ce changement.
Évidemment, il y a le gouvernement et les institutions, qui ont un énorme pouvoir pour changer les choses, mais s’ils apportent des changements, et que d’un autre côté, il n’y a pas une volonté concrète auprès de ceux qui consomment, ce sera en vain.
Nous devons donc tous travailler ensemble dans cette direction, vers une économie plus juste, plus respectueuse de l’environnement dans notre pays puis dans d’autres parties du monde.
Ce rapport a le potentiel d’aider dans cette direction.
Sais-tu quelles mesures ont été mises en place depuis que ces résultats ont été révélés?
C’est une très bonne question. Ce rapport a été publié en décembre.
Il est donc évident que très peu de mesures ont été prises en si peu de temps en Catalogne depuis décembre.
Aussi à cause de l’environnement politique dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui.
La législature actuelle est sur le point de s’achever, les élections approchent. Les décideurs ne vont pas prendre le risque de faire de grands changements.
Mais ce qu’il est important de savoir, c’est que l’objectif de ce rapport est d’être le premier parmi beaucoup d’autres.
La stratégie de préservation de la biodiversité en Catalogne
Ici en Catalogne, ces dernières années, une stratégie a été approuvée pour la conservation du patrimoine naturel et de la biodiversité.
C’est une stratégie qui définit les lignes d’action du gouvernement, pour préserver la nature.
Et ce n’est pas seulement une stratégie pour la nature, mais elle s’adresse également au secteur industriel, au secteur agroalimentaire, à celui de la pêche. Bref, tous les secteurs de la société.
Cette stratégie nous concerne tous.
Donc, ce que le rapport actuel tente d’obtenir, c’est en quelque sorte d’établir un état des lieux, pour avoir un point de départ.
Chronologie de la stratégie
La stratégie a été approuvée en 2018.
En 2018, le point de départ avant la mise en œuvre de cette stratégie est le suivant : nous avons une perte de 25% des populations.
La stratégie consiste à fixer une date finale pour pouvoir atteindre tous les objectifs d’ci 2030.
Donc, en 2030, il faudra faire un nouveau rapport.
Cela permettra d’évaluer l’efficacité de la stratégie, si la mise en œuvre de cette stratégie a amené des changements dans les tendances que nous avons observées actuellement.
Mais avant 2030, l’observatoire doit apporter plus d’informations pour aider à mettre en œuvre cette stratégie.
Parce que les décisions qui doivent être prises pour mettre en œuvre cette stratégie doivent être maintenues, sur une base scientifique.
But de la stratégie
Si nous disons que nous voulons mettre en place plus d’actions pour des normes, des politiques de conservation, ou plus de politiques de récupération de la flore, nous avons besoin de savoir quelles sont les plantes qui ont vraiment besoin d’investissements pour leur récupération, où on va mettre l’argent.
Mais pas seulement où nous allons mettre l’argent, décider dans quelle plante investir, mais aussi dire où se situe cette plante et qu’est ce qui la nuit.
Car si on sait ce qui provoque cette nuisance, on saura alors avec certitude comment agir pour l’arrêter, quelles mesures on peut mettre en place, pour que la plante – je donne l’exemple d’une plante mais ça pourrait être n’importe quelle espèce – puisse être mieux gérée et ainsi contribuer à sa conservation.
Pour la mise en œuvre de la stratégie, l’observatoire joue un rôle fondamental en fournissant des informations. Mais il est également important de souligner que cet été, la loi de création de l’agence pour la nature en Catalogne a été approuvée. La loi a donc approuvé l’agence, mais nous n’avons ni les bureaux, ni l’administration qui la gère, ni les personnes qui travaillent dans l’agence.
Nous devons mettre en œuvre cette loi, voir comment l’agence coordonne les éléments qui ont un impact sur l’environnement, pour aider à la conservation de la nature, en prenant en compte ce que la stratégie prévoit déjà.
Suivi de la stratégie
Je crois donc qu’en Catalogne, nous faisons des efforts. Nous pourrions faire plus, évidemment. Et l’essentiel est d’impliquer toutes les parties concernées par la conservation et l’impact sur la nature.
Mais pour l’instant, ce premier rapport nous dit quel est le point de départ.
Maintenant il faut voir comment tout ce que nous avons mentionné précédemment se déroule, et dans quelques années, recommencer et voir où nous en sommes à ce moment-là. Quels sont les changements positifs que nous avons apportés. Nous espérons qu’ils seront nombreux!
Mais pour le moment, nous avons un outil pour comparer.
Non seulement comparer, mais aussi identifier les principaux problèmes.
Nous avons vu que c’est dans les rivières que l’on constate une perte de biodiversité plus importante que dans d’autres régions.
Nous avons vu par exemple que nous avons perdu 9 poissons indigènes sur 10, alors que nous avons vu que les espèces de poissons envahissantes ont presque doublé.
Alors peut-être pouvons-nous établir des priorités là où nous devrions faire le plus d’efforts, comme les rivières, les lacs et les zones humides, ce serait un bon point de départ.
Imagine maintenant que tu as tous les pouvoirs entre tes mains et que tu peux décider de toutes les mesures nécessaires pour résoudre ce problème de perte de biodiversité. Qu’est-ce que tu ferais?
Cette question est difficile parce que tu me mets dans une situation délicate.
Normalement, je suis celle qui fournit les informations aux autres afin qu’ils puissent prendre des décisions.
Ce que je ferais d’abord, c’est de m’assurer que tous les acteurs impliqués dialoguent.
Je les mettrais tous autour d’une table, je partagerais avec eux les informations dont nous disposons, j’impliquerais avant tout les économistes, car nous vivons aussi dans une société qui dépend fortement de l’argent malheureusement, et il semble que nous n’agissons que lorsqu’un problème touche notre portefeuille.
Voilà ce que je ferais. Mettre tout le monde autour d’une table : tous les acteurs qui ont la capacité d’influencer la conservation de la biodiversité.
Par ça j’entends :
- des entreprises industrielles qui travaillent en Catalogne,
- des secteurs agricoles,
- l’éducation
Car l’éducation est clef pour la conservation.
Je leur donnerais les informations nécessaires pour pouvoir prendre des décisions et mettre en œuvre la stratégie.
Calcul des coûts liés à l’inaction
Parce qu’au bout du compte, cette stratégie est très bien faite, et inclut la vision de nombreux secteurs.
Je chercherais donc la meilleure façon de mettre en œuvre cette stratégie.
Et je leur donnerais cet exercice que nous utilisons beaucoup dans le domaine scientifique, je leur donnerais différents scénarii: différents scénarios économiques, par exemple calculer ce que coûterait la perte de la biodiversité et de la nature.
Car si on calcule le coût lié à la perte de pollinisateurs, en agriculture…
Je ne l’ai pas encore mentionné, mais ce que le rapport souligne également, c’est que les effets et la perte que nous avons observés chez les invertébrés sont bien plus importants que la perte que nous subissons avec les vertébrés.
Par invertébrés j’entends les insectes, les mollusques, une suite d’animaux qu’il ne faut pas oublier. Comme ils prennent moins de place, ils sont moins visibles, mais ils sont aussi là et ils ont un rôle dans la nature, et leur population a beaucoup diminué.
Ils sont sérieusement affectés, donc évidemment, si nous faisons un calcul économique de ce que cela nous coûterait de ne plus avoir de pollinisateurs, ou ce que cela nous coûterait d’arrêter d’utiliser certains produits chimiques qui les affectent gravement, je pense que la balance pencherait plutôt en faveur du renoncement à l’utilisation de certains produits agrochimiques et renforcer la présence de pollinisateurs.
Il y a des questions très complexes et, selon moi, ce dont nous avons besoin, c’est d’un dialogue entre tous les acteurs, afin de trouver une solution par consensus, car ce que nous avons également constaté dans cette crise du COVID, c’est que l’économie est très fragile dans ce pays.
Nous devons donc être capables de jongler avec les activités, étant extrêmement conscients que nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à perdre la biodiversité et la nature parce que les effets que cela peut avoir sur la santé humaine sont extrêmement graves.
Je pense que le problème est également de pouvoir comprendre que nous devons avoir une vision à long terme, et pas seulement penser aux bénéfices que nous allons faire cette année.
Parce que si vous ne basez vos décisions que sur le court terme, vous ne pouvez pas prendre les bonnes décisions. Je pense que la conséquence de cette façon de penser nous a laissés pour compte. Et maintenant, avec tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés, nous nous rendons compte que nous avons pris du retard et qu’il faut agir tout de suite. Parce que nous atteignons un point de non-retour et que nous devons agir maintenant.
Et nous le voyons aussi avec le Covid, parce que nous pensions toujours que le changement climatique et la perte de biodiversité n’étaient pas si importants, qu’on pouvait ajourner ces sujets. Mais maintenant nous voyons que cela peut conduire à ce genre de problèmes. Et cela pourrait être encore plus grave. Nous devons donc agir ensemble!
Correct, je suis assez d’accord là-dessus. En fait, il existe de nombreuses institutions comme le conseil international de la biodiversité et les services écosystémiques, qui sont une association de scientifiques au niveau international qui a déjà souligné qu’en fin de compte, la COVID19 n’est qu’un symptôme de la très grave crise écologique que nous sommes en train de vivre actuellement.
Et que notre santé dépend totalement de la santé de notre planète.
Maintenant, je voulais t’interroger un peu plus sur les forêts, ce que tu as mentionné tout à l’heure, c’est que nous pouvons voir qu’il y a plus de forêts en Catalogne mais que les arbres sont jeunes.
Biodiversité et forêts : Pourquoi est-il si important que les forêts soient anciennes?
Fondamentalement, la maturité d’une forêt peut se traduire en services : des services rendus par les forêts.
Ainsi une forêt ancienne, avec une variété d’espèces, avec des arbres d’une hauteur plus élevée, avec la présence de bois mort au sol, dans son propre écosystème, fournit des services écosystémiques aux espèces qui sont particulières à cette forêt.
Par exemple, les forêts anciennes où l’arbre est plus âgé nous permettent de fournir un abri à de nombreuses espèces qui vivent dans les cavités de ces arbres plus larges, plus hauts et plus vieux.
Par exemple, nous avons le grand pic épeiche ici en Catalogne qui est un type d’oiseau que nous trouvons dans les forêts plus anciennes, car c’est là qu’il trouvera des arbres plus épais où il pourra trouver un abri, ainsi que pouvoir trouver de la nourriture .
Un autre exemple est la chauve-souris, que ce soit la chauve-souris fer à cheval méditerranéenne ou le murin à moustaches, ces chauves-souris qui vivent dans les cavités de ces vieux arbres.
Donc, évidemment, si nous avons une forêt jeune, avec des arbres minces, ce n’est pas propice à la présence de ces espèces.
J’ai donné cet exemple d’abri, mais on pourrait aussi parler de nourriture provenant du bois mort.
Il y a des insectes qui se nourrissent de ce bois mort.
Par exemple, en Catalogne, nous avons le longicorne ou rosalie alpine, un type de coléoptère bleu, très beau, ou le grand capricorne qui a ce genre d’antennes. Eh bien, ces espèces sont protégées au niveau européen, et la Catalogne faisant partie de l’Europe doit se conformer aux lois européennes, de sorte que ces espèces soient protégées au niveau européen. Et elles ont un rôle important dans la nature ici. Si elles n’ont pas d’habitat approprié, elles ne peuvent pas survivre. C’est pourquoi les forêts plus anciennes sont si importantes.
Mais malheureusement, ici en Catalogne, nous n’avons pas beaucoup de ce genre de forêts.
Je voulais aussi t’interroger sur les mesures qui sont prises actuellement pour protéger les bois, afin qu’ils puissent arriver à maturité, parce que nous disons toujours que nous allons planter des arbres, mais alors…
Comment protéger les forêts pour qu’elles puissent vieillir?
Ce qui est sûr, c’est qu’en Catalogne, nous n’avons pas besoin de planter des arbres.
Non ici, évidemment ce n’est pas utile, mais planter des arbres est souvent présenté comme une solution alors que ce qui est plus important, c’est de protéger ceux que nous avons déjà, ceux qui sont âgés et, comme tu l’as si bien expliqué, sont beaucoup plus importants.
Comment pouvons-nous éviter les incendies de forêt? Comment le bétail pourrait-il y contribuer? Est-ce que les bergers peuvent y contribuer par exemple? Pourrais-tu nous donner quelques pistes à ce sujet?
C’est compliqué.
Ce n’est pas seulement un problème de conservation mais aussi de changement climatique.
Ce sont des problèmes à plusieurs facettes.
Premièrement, à propos de ce que tu as mentionné concernant la plantation d’arbres, j’ai dit non, car l’un des problèmes que nous constatons ici en Catalogne est que nous perdons des habitats ouverts, ces habitats de pâturages et de prairies. Donc, ce que nous avons le plus ici, ce sont les forêts. Mais ce qui se passe, c’est que lorsque nous entrons dans ces bois, nous constatons que les arbres sont très jeunes et que cette forêt n’a pas la capacité de fournir les services écosystémiques que j’ai mentionnés plus tôt.
Je vais essayer de répondre à cette question sans être mal comprise.
Le premier point; nous devons conserver les forêts anciennes, mais nous voulons aussi récupérer ces espaces ouverts.
Donc les incendies qui sont toujours considérés comme quelque chose de négatif, et ils le sont quand ils causent des dommages matériels ou personnels, évidemment. Mais quand une jeune forêt prend feu, cela offre également un espace ouvert, ce qui est une opportunité pour ces espèces qui jusqu’à présent perdaient leur habitat.
Cela donne la possibilité de récupérer ces zones pour ces espèces. Cet habitat ouvert dont ils ont besoin pour leur survie.
Il ne faut pas oublier que malgré la perception sociale que nous avons des incendies, ils sont aussi un facteur écologique, qui a toujours existé.
Le nom des Pyrénées vient du mot «Piri» qui veut dire feu, car les Pyrénées étaient une région qui brûlait très souvent.
Le feu est donc un facteur écologique que nous devons garder à l’esprit.
Et cela peut nous fournir cet habitat ouvert, lorsque l’incidence est de faible intensité bien sûr, je veux dire que nous ne voulons pas brûler une zone vaste de la taille d’une ville évidemment.
Je parle plutôt de feux contrôlés, ou de petites zones, et surtout, que ces incendies n’affectent pas les forêts anciennes.
Pour préserver les forêts anciennes, la première chose à faire est de les identifier!
Et puis, par exemple, il y a eu un projet de création d’un réseau d’espaces qui protégeaient les forêts anciennes de Catalogne et les permettaient d’évoluer librement.
Il s’agit actuellement d’un débat scientifique, il y a autant d’opposants comme de défenseurs de laisser le bois évoluer librement, c’est-à-dire, sans l’intervention des hommes.
Chaque cas doit être évalué individuellement : la viabilité dépend aussi des espèces forestières que nous avons. La croissance d’un chêne et celle d’un pin sont différentes.
Nous devons donc étudier chaque cas correctement, chaque parcelle de bois et voir ce que cela nous permet de faire.
Mais pour valoriser les forêts anciennes, on peut en effet agir avec les forêts plus jeunes.
Par exemple, créer de l’espace, en réduisant la densité des forêts plus jeunes, de sorte que celles qui ont une portée plus élevée puissent continuer à croître et atteindre des hauteurs plus élevées.
En faisant cet abattage sélectif, vous pouvez également laisser du bois mort sur le sol, imitant les bois typiques de la forêt mature, offrant un abri et de la nourriture aux espèces qui en ont besoin pour leur cycle vital.
La gestion des forêts est donc un sujet complexe.
Parce que maintenant j’ai donné cet exemple en pensant à la gestion pour améliorer la conservation des espèces typiques des forêts anciennes.
Mais nous pourrions aussi faire d’autres choses visant à une meilleure adaptation au changement climatique, à une meilleure absorption du CO2 par les forêts.
Nous pouvons également nous concentrer sur les réglementations hydrologiques, car plus nous avons de forêts, plus nous consommons d’eau.
Nous devons donc également voir la disponibilité de l’eau dont nous avons besoin, combinée à des sécheresses récurrentes.
La gestion des forêts est donc très complexe.
Et nous devons concevoir un plan à plusieurs niveaux pour pouvoir décider en conséquence.
Comment pouvons-nous aider grâce à la gestion?
Évidemment, ce que tu as mentionné plus tôt, à propos des bergers, de l’élevage est valide.
Il faudrait pouvoir récupérer l’activité d’élevage.
Ça existait il n’y a pas si longtemps.
Eh bien, cela peut être une victoire pour la biodiversité.
Tant que cela est géré de manière durable et adapté à la conservation.
La dernière chose que je voulais te demander, même si tu t’es déjà avancée sur ce sujet, est à propos de nos actions en tant que citoyen.
Quelles actions peuvent aider à préserver la biodiversité?
Comment chacun d’entre nous peut participer de manière proactive, et à tous les niveaux? Nous, nos maires, nos régions, notre pays, l’Union européenne, à l’échelle mondiale.
Tu l’as déjà dit:
- Opter pour une consommation plus durable
- Essayer de consommer de saison
As-tu d’autres idées? Quelles autres actions pouvons-nous entreprendre?
Oui, en effet, nous pouvons faire beaucoup de petites choses.
En fin de compte, l’idée principale est de placer la nature au centre de toutes les décisions
Quand on décide quelque chose, il faut aussi penser à la nature.
Et quand je dis décider, je ne parle pas seulement de la nourriture que nous consommons sur le marché, ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
Il faut réfléchir aux effets climatiques de nos actions.
Avec des questions aussi simples que:
- quelle énergie consommons-nous ?
- où investissons-nous notre argent ?
- quel est l’impact de ces projets où nous investissons notre argent ou de ces entités bancaires ?
- pour qui vote-t-on?
Tu sais, au final, si on prend en compte le facteur nature et le changement climatique dans toutes les décisions que nous prenons, nous pouvons apporter des changements qui finissent par influencer notre impact environnemental en tant que personnes.
L’observation citoyenne
Il existe d’autres initiatives si nous voulons être encore plus actifs.
Parce que ce que j’ai dit précédemment, c’est juste changer quelques habitudes, mais sans faire beaucoup d’efforts.
Par exemple, pour aider à préserver la nature, ce que nous voyons, c’est que nous devons bien la connaître.
Nous devons savoir où est cette nature comme nous l’avons mentionné plus tôt.
Nous devons savoir ce qui lui arrive.
Et il y a beaucoup de projets scientifiques basés sur l’aide des citoyens ici en Catalogne.
Ce sont des projets scientifiques, dirigés par des institutions scientifiques de la région qui encouragent les citoyens à participer.
Le simple fait de recueillir les informations qu’ils donnent.
Il y a un projet appelé «Pajaros en el Jardin» (oiseaux dans le jardin). Un projet similaire a eu beaucoup de succès au Royaume-Uni.
Et c’est aussi simple que cela : les gens donnent des informations à propos des oiseaux qu’ils voient dans leur jardin ou sur leur balcon.
Il existe aussi une plateforme scientifique pour les citoyens qui permet aux personnes qui partent en excursion d’une journée d’informer sur les observations d’espèces d’oiseaux.
On a aussi des plateformes en ligne qui nous donnent plus d’informations sur ce que nous avons dans la mer.
Ce sont des observateurs de la mer : des gens qui font de la plongée peuvent apporter beaucoup d’informations de valeur, étant donné le manque d’informations sur ces zones marines ici en Catalogne.
On peut également surveiller les espèces exotiques.
Cela fait maintenant quelques années ici en Catalogne qu’il existe une plateforme scientifique pour les citoyens. Il existe une application qui peut être téléchargée sur nos téléphones. Ça s’appelle l’alerte moustique. Le but est de savoir où se trouve le moustique tigre. Et quand quelqu’un observe ces espèces, on a la capacité d’informer.
Parce qu’en termes de santé, il est très important de contrôler cette espèce. En effet, ce moustique transmet des maladies et il a causé des problèmes aux populations. Il y a donc des actions pour contrôler l’expansion de l’espèce.
Et cette application fournit de bonnes informations, en particulier pour ceux qui gèrent ce problème.
Donc, si quelqu’un est intéressé, ici en Catalogne il y a une commission de sensibilisation citoyenne qui fait partie de la Generalitat de Catalunya, si vous recherchez les mots-clés «ciencia ciudadana catalunya» dans un moteur de recherche, vous pourrez trouver toutes les initiatives auxquelles participer.
Et aider de manière proactive à mieux connaître notre nature afin de mieux la gérer.
Programmes environnementaux de conservation
Et si vous êtes motivés, vous pouvez encore faire plus en faisant du bénévolat pour des programmes environnementaux avec de nombreuses entités qui travaillent pour la conservation de la nature.
En nettoyant les rivières, en restaurant des aires naturelles, et par exemple ici nous avons un réseau pour la conservation de la nature.
En Catalogne, je pense que c’est le xcn que vous pouvez trouver sur Twitter.
Ça rassemble toutes les associations qui font du bénévolat pour l’environnement ici en Catalogne.
Et si on veut activement aider à restaurer les aires naturelles pour la conservation d’une espèce, on a également l’opportunité de participer.
Actions des institutions
Pour ce qui est des institutions, eh bien, beaucoup de choses peuvent être faites.
À la fin, le message est le même : mettre la nature et l’impact des actions au centre de toutes les décisions.
Lorsqu’une décision est prise au niveau institutionnel, au niveau politique, il faut prendre en considération comment cette décision, comment ce que nous essayons de faire, aura un impact sur notre nature et notre environnement.
Par exemple, nous commençons à voir des demandes dans les forums concernant la révision de certaines des subventions qui sont fournies par l’administration elle-même.
Parce que certains qui en bénéficient continuent à avoir des pratiques qui ne sont pas vraiment durables.
C’est à peu près tout, inclure la nature dans toutes les décisions et prendre des décisions qui ont le moins d’impact possible. Ou si cela a un impact, il devrait être positif.
Nuria, un grand merci pour cet entretien et pour nous avoir expliqué tout ça.
Cette interview vous a plu? Laissez-nous vos commentaires ou vos questions ci-dessous.
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