Vivez une expérience unique dans la forêt de baobabs de Reniala [interview]
La réserve de Reniala est aussi appelée forêt de baobabs. C’est une initiative d’un couple qui décide de préserver la faune et la flore si particulière de la région du sud ouest de Madagascar.
Elle se trouve à la sortie du village de Mangily (Ifaty), une plage magnifique proche de Tuléar.
Mise en contexte de la Réserve de Reniala, écotourisme à Madagascar
Madagascar est reconnue pour avoir de nombreuses espèces endémiques, c’est-à -dire qui n’existe que dans la Grande-Île. C’est pourquoi protéger la biodiversité de la région est vital pour le pays.
Étant un pays très pauvre, les Malgaches n’ont pas forcément conscience de cette richesse particulière ou de comment la préserver. Je me rappelle étant enfant qu’il y avait un lémurien en laisse dans la cour de mes grands-parents. Je ne sais pas à qui il appartenait, mais à cette époque (les années 90), on ne voyait pas le mal.
Grâce à des réserves comme le Reniala, on apprend aux habitants qu’il faut protéger les animaux en les aidant à se réadapter à leur environnement naturel, et non à les garder en captivité.
C’est pourquoi l’écotourisme est si important. Et encore plus dans des pays en voie de développement et si riche en biodiversité comme Madagascar.
J’étais à Tuléar juste avant la pandémie, pour rendre visite à mes grands-parents originaires du sud de Madagascar. J’ai alors eu la chance de pouvoir faire quelques visites, comme le majestueux arbre sacré de Miary, l’arboretum ou encore la réserve de Reniala.
Nous avions déjeuné à Mangily et nous avons ensuite été escortés au parc avec une charrette de zébus.
La réserve de Reniala est une visite incontournable pour moi, passionnée d’écotourisme et de baobabs !
Mais la réserve de Reniala, ce ne sont pas que des baobabs. C’est un projet bien plus ambitieux:
- sentier botanique,
- forêt de baobabs,
- réserve ornithologique,
- centre de réhabilitation et de conservation des lémuriens (Lemur rescue center)
C’est pourquoi j’ai interviewé Maurice Adiba, le fondateur du site.
Interview avec Maurice Adiba sur la Réserve de Reniala et sa forêt de baobabs
Je lui ai posé quelques questions sur la naissance du projet. Il nous explique comment il a évolué et comment les Malgaches participent à son succès pour la conservation.
Pouvez-vous nous donner quelques détails sur l’histoire de la réserve et comment elle est née ?
La réserve est née en 1997. J’ai travaillé comme enseignant de SVT au Collège français de Tuléar de 1990 à 1993. Marié en 1992, je suis revenu à Tuléar en vacances dans la famille de ma femme en 1997.
Lors d’un séjour à Mangily, nous avons découvert cette région et la richesse de sa biodiversité avec les adaptations si particulières à une nature aride et contraignante.
Conscient de la nécessité de conserver cet écosystème unique, nous avons décidé d’acheter 45 hectares de forêt. À l’époque, on nous a pris pour des fous. Quelle idée d’acheter du sable et accessoirement des animaux et des végétaux qui vivent dessus ! Mme Gertrude Dame, sage femme d’état, a mis en place les différents projets jusqu’à son décès en 2019. Elle a dû parfois se battre durement pour protéger cet espace unique.
Quelles sont les caractéristiques de la réserve de Reniala ?
Reniala est une forêt endémique sur sable roux caractéristique du sud-ouest de Madagascar. Elle a maintenant une superficie de 60 ha.
Sur 57 espèces végétales (Angiospermes) on recense 44 espèces endémiques. Ce taux d’endémisme est également très élevé pour les espèces animales.
On note la présence de:
- Pyxis (une espèce de tortue),
- Mimophis mahafaliensis (un serpent),
- Calumna (le caméléon malgache),
- Mesitornis et uratelornis (différentes espèces d’oiseaux)…
Sur 74 espèces recensées, 21 sont endémiques de Madagascar et 16 sont endémiques de la région.
Cette zone est très représentative de l’endémisme à Madagascar. C’est donc une des priorités de conservation de la biodiversité dans le monde.
Pouvez-vous nous donner des informations supplémentaires sur la faune de la réserve de Reniala?
On y trouve des oiseaux rares et endémiques, tels que les Uratolernis, ou les Monias, ainsi que des reptiles, des petits mammifères (tenrec), des chauves-souris, ou encore des lémuriens (microcèbes)…
Qu’en est-il de la flore, pouvez-vous nous donner plus de détails en plus des fameux baobabs à Reniala?
On y observe les plantes caractéristiques de la région suivantes :
- Tulearia splendida De Block, découverte en 2018 très odorante,
- Didiera,
- des euphorbes arborescentes,
- des baobabs aux formes particulières,
- Givotia madagascariensis (Farafatsy) avec lequel on fait les pirogues,
- Didiera madagascariensis avec lequel on fait les sièges des pirogues…
Toutes les espèces nécessaires à la construction des pirogues, des charrettes ou des maisons sont présentes.
Nous avons créé des sentiers botaniques d’interprétation pour expliquer aux visiteurs:
- l’utilisation des plantes en médecine
- la construction
- l’usage domestique (fabrication de mandoline avec le tronc ou de maracasses avec les fruits du Fengoky Delonix adansonioides)
Quels sont les défis que vous rencontrez ou avez rencontrés pour la conservation de la nature dans la région ?
Tout était à construire. Nous revenions à Madagascar chaque année avec ma femme. Mais le reste du temps, l’ensemble des réalisations était piloté par Madame DAME – sage-femme encore en activité à l’hôpital de Tuléar à l’époque. Décédée il y a peu, elle laisse un grand vide et a donné énormément d’énergie et de force dans la réalisation des différents projets.
Des projets toujours un peu plus fous:
- Construction de structures
- Mise en place de prestations touristiques
- Coordinations de projets de conservation
- Création du Lemur Rescue Center
Ce centre est le seul de Madagascar à accueillir des lémuriens avec l’objectif final de pouvoir relâcher des groupes dans un cadre strict.
Quelles sont vos actions pour préserver la faune et la flore de Reniala ?
Préserver c’est avant tout connaître.
Dans cet esprit, nous accueillons des étudiants pour faire régulièrement des inventaires.
Notre responsable environnemental rédige ensuite des rapports de suivis des populations annuellement pour l’Office National de l’Environnement.
Nous avons un cahier des charges strict adossé au permis environnemental obtenu en 2005 et nous avons un agrément pour le Lemur Rescue Center.
Qui travaille à Reniala, et comment les personnes qui y travaillent ont-elles été formées ?
Des responsables, Mme Tatiana, la gérante, des guides, des jardiniers, des gardiens, des femmes de ménage, un cuisinier.
Nous avons mis un point d’honneur à accueillir des personnes non qualifiées dans le cadre de la promotion sociale que nous souhaitons faire vivre pour les activités de la réserve.
Aussi, nous avons embauché des personnes pour le guidage alors qu’elles n’avaient pas de qualification. Nous avons formé ces personnes en interne.
Pour nous, chaque personne peut développer des compétences à partir du moment où elle le souhaite et si elle est encadrée et formée. Nous voyons des guides apprendre des langues étrangères seulement au contact des touristes pendant les visites, avec une forte volonté de réussir.
Vu la situation actuelle avec le Covid, quelle est la situation de la réserve ?
Nous sommes ouverts, mais avec un effectif extrêmement réduit. Les réservations sont donc obligatoires.
Avez-vous une anecdote à raconter sur Reniala, les baobabs ou Madagascar, ou quelque chose que vous aimeriez dire aux lecteurs, une question que je n’aurais pas posée?
Pourquoi les baobabs sont -ils magiques ? Emprunts de spiritualité ? Chacun est unique. Baobabs corsage, carotte, théière, rhinocéros.
En Europe, un chêne ressemble à un chêne. À Madagascar un baobab – et surtout dans cette région et dans la réserve de Reniala – est unique, laissant libre court à son imagination pour essayer de comprendre le chemin parcouru pour avoir cette forme.
Baobab rhinocéros, quelle vie as-tu vécue, quelles rencontres as-tu faites et quels obstacles as-tu surmonté pour ressembler au seul rhinocéros de Madagascar ?
Merci Maurice pour avoir partagé vos connaissances avec nos lecteurs ! Nous remercions égalment Mme Tatiana qui nous a mis en contact avec lui.
Informations complémentaires
Pour plus d’informations, Maurice a partagé le site internet de Reniala.
Le sud-ouest de Madagascar possède un climat chaud et sec, pratiquement désertique toute l’année, sauf parfois en période de cyclone (janvier – mars).
Malgré les chaleurs intenses, il est vraiment intéressant de voir comment la faune et la flore locales s’adaptent à ce climat. Reniala permet à ces écosystèmes fragiles de pouvoir continuer à prospérer de manière harmonieuse.
L’importance de l’écotourisme à Madagascar et ailleurs…
Nous espérons que cet entretien a été éducatif et qu’il vous donnera l’envie de vous intéresser à ce type d’initiatives lorsque vous voyagerez sur la Grande-Île ou ailleurs.
Le tourisme et l’avion ont souvent été pointés du doigt comme responsables en grande partie des émissions de gaz à effet de serre.
Nous savons maintenant que si nous ne voulons pas participer au réchauffement climatique, on ne peut effectivement plus voyager à un rythme effréné. Ce n’est pas soutenable.
Il faut commencer à apprendre à vivre de manière douce et pratiquer le tourisme slow.
Lorsqu’on se déplace aussi loin, il est plus raisonnable de rester plusieurs semaines et il faut tenter d’avoir un impact positif sur l’environnement. En soutenant les initiatives d’écotourisme, vous pouvez aider à préserver la biodiversité, un sujet aussi urgent à traiter que les émissions carbone.
Et n’oubliez pas, être militant pour la protection de la planète commence par s’informer et partager ces informations avec son entourage. Alors n’hésitez pas à faire circuler cet article sur vos réseaux !
Si vous souhaitez voir plus de photos, rejoignez ma page Facebook et Instagram où je partage régulièrement des photos de Madagascar. Maurice a également gentiment partagé avec nous de nombreuses photos que je ne manquerai pas de publier pour vous.
Et vous, connaissez-vous d’autres initiatives de ce genre, à Madagascar ou ailleurs ? Ou souhaitez-vous partager vos impressions à la lecture de cet article ? Nous attendons tous vos commentaires ci-dessous !
PS: Je suis maintenant rédactrice web pour l’un des 10 meilleurs blogs d’écotourisme anglais – Terra Incognita – pour lequel j’ai écrit l’article original sur leur blog.
Si vous travaillez vous-même pour une ONG telle que la réserve du Reniala, n’importe où dans le monde, et que vous souhaitez parler de votre initiative, laissez-nous un commentaire ou envoyez-nous un email à contact@worldtravelable.com
2 commentaires
ADIBA Maurice
Bonjour,
Je suis Maurice et nous étions en contact en 2020. J’espère que tout va bien pour vous. Je viens de m’apercevoir que la vidéo que vous avez mise n’est pas une video de Reniala. Nous n’avons pas ces panneaux, ni ces quides.
Merci de faire le nécessaire
Bien cordialement et amitiés
Maurice ADIBA
Ella
desolee de ne pas avoir repondu, je suis en arrêt depuis plusieurs mois… pour le moment je ne peux pas regarder mais j’espere bientot. merci – vous pouvez m’envoyer un email a worldtravelable@gmail.com